---- De Maussans à Rouffiac et le Château ----
Mais c’est à partir du XIIème siècle que les seigneurs de Rouffiac sont connus; l’évêque GUILHEM PEYRE vit arriver victorieux SIMON de MONTFORT venant de Carcassonne, CASTRES et LOMBERS et l’assura du loyalisme des sujets de sa seigneurie. Il recevra pour son évêché, en retour de son bon accueil, le fief de MARSSAC et ROUFFIAC en 1212; la part qui revenait à la couronne fut vendue à RAYMON de FARGUES, il est qualifié Seigneur de MAUSSANS.
En 1355, lors de l’invasion anglaise, comme le château de ROUFFIAC ne pouvait être mis en état de défense, les commissaires ordonnèrent aux habitants de se retirer à ALBI et le firent démanteler.
Au XVIème siècle, la Seigneurie de MAUSSANS et de ROUFFIAC est titrée en Baronnie, en 1572, l’évêque PHILIPPE RUDOLPHI la mit en vente et elle fut adjugée à un marchand d’ALBI le sieur DE NUPCES moyennant 6121 livres à plusieurs membres de la famille DE NUPCES ont occupé les plus hautes charges au parlement de TOULOUSE.
C’est en 1622 que l’évêque d’ALBI demanda au Roi de venir délivrer l’Albigeois des ravages des « rebelles de REALMONT, LOMBERS et BRIATEXTE», et le 11 juin les consuls se réunirent à ROUFFIAC avec les députés du diocèse. En 1633, la démolition du château de LOMBERS est décidée et la commune de MAUSSANS devra y participer pour 12 cannes de murailles.
Le baron de ROUFFIAC LOUIS DE NUPCES qui mourut d’une chute de cheval à ALBI fut enterré dans l’église de ROUFFIAC en 1651. En 1723, MARIE DE NUPCES veuve de GEORGES-JULES DE ROQUEBOUILLAC en rendait hommage et ses descendants ont possédé la Baronnie jusqu’en 1790, c’est ensuite le marquis ANTOINE-PAULIN DE SOLAGES qui fut seigneur de ROUFFIAC-MAUSSANS.
Alors qu’en 1826, MAUSSANS comptait 645 habitants, en 1892, la population n’était que de 417 habitants, toutefois, à ROUFFIAC, près du château, dont il ne restait qu’une tour, il y avait 14 commerces: 1 boulanger, 1 cafetier, 2 charpentiers, 2 cordonniers, 2 épiciers, 2 forgerons, 1 menuisier, 2 tailleurs, 1 charron, et le décret du 12 DECEMBRE 1892 donna le nom de ROUFFIAC à la vieille commune de MAUSSANS.
Extrait du livre «Châteaux, Manoirs et Logis»
Daniel LAONET.
---- L'église Saint-Martin de Rouffiac ----
Construit sur un léger promontoire, le village de Rouffiac, de loin, semble avoir deux clochers. En fait, l’un d’eux, le plus important, n’est autre que la tour de l’ancien château-fort, et tout ce qu’il en reste. En 1212, ce château fut donné à l’évêque d’Albi par Simon de Montfort. Il fut démantelé lors des invasions anglaises. Blottie au cœur du village, l’église le domine avec sa curieuse tour-clocher carrée et excentrée. Sur le linteau de la porte qui y donne accès, la pierre érodée par près de trois siècles porte la date de 1699, tandis qu’une clé de voûte construite à l’auvent porte celle de 1770. Plutôt trapue, d’allure austère avec ses contreforts, elle a, extérieurement, l’aspect d’une forteresse; aussi est-on surpris, lorsqu’on y pénètre de trouver de gracieuses envolées d’ogives gothiques qui donnent à l’ensemble de l’édifice (qui a dernièrement fait l’objet d’une heureuse restauration et peintures claires), une impression d’élégance, de fraîcheur et de grandeur.
La chapelle de droite, dédiée à St Joseph, abrite une remarquable statue de Saint Roch, antérieure au XVIe siècle, et une statue de Ste Germaine de Pibrac. Le vitrail de cette chapelle reproduit, en pied, un St Léon. La chapelle de gauche accueille une vierge à l’enfant, et le vitrail représente l’Assomption.
Dans la nef, St Michel terrasse le dragon. Sont représentés la grotte de Massabielle, Ste Thérè se de l’enfant Jésus, Ste Jeanne d’Arc et St Antoine de Padoue. S’y trouve encore un bénitier en pierre, autrefois installé dans les tribunes que deux piliers supportent au fond de la nef; il est daté de 1610, année de la mort d’Henri IV.
Dans le chœur, les statues de St Martin et de St Barthélémy encadrent une sculpture de petite taille représentant la charité de St Martin datant sans doute de la fin du XVe siècle. St Martin, dont la fête liturgique est célébrée le 11 novembre, est le saint patron de la paroisse.
Une autre église a existé à Maussans bien avant la révolution. Dans sa séance du 27 Germinal, An 11, le Conseil Municipal la considère comme «tombée en vétusté». Les matériaux sont en partie employés à la réparation de la Maison Commune, de l’église de Rouffiac et de son clocher. Son lieu d’implantation n’est plus à ce jour signalé que par la présence d’une croix. A Maussans, existait aussi probablement un château. La terre de Maussans-Rouffiac avait titre de baronnie. La famille de Solages, de Carmaux, en était seigneur en 1789. La commune portait alors le nom de Maussans. En l’an neuf, elle faillit être rattachée à Florentin, puis successivement, le 1 Fructidor, an 12, le conseil municipal refuse toute fusion avec les communes voisines. Le 7 septembre 1806, il rejette encore la proposition du Préfet de fusion avec Marssac, mais demande au Préfet que Marssac et Terssac lui soient adjointes. La commune de Maussans a finalement opté pour son autonomie et préféré prendre le nom de Rouffiac, celui de la plus importante de ses agglomérations, vers 1893.
Daniel LAONET.
---- La statue de Saint-Roch dans l'église paroissiale ----
Roch de la Croix naquit en 1293 et mourut à trente deux ans, en 1327. Il était issu d’une famille noble et riche de Montpellier. En 1315, il entreprit le pèlerinage de Rome mais il trouva sur son chemin la peste. Dieu lui donna le pouvoir de guérir les pestiférés. A Plaisance, en Italie, il sentit une douleur aigüe à la cuisse gauche; il avait contracté la maladie. Il se retira dans un lieu isolé. Un chien, chaque jour, lui apportait un pain. Un jour apparut un ange, lui annonçant qu’il guérirait. Il guérit mais mourut plus tard dans une prison de Montpellier où il était revenu. La statue de l’église paroissiale résume cette histoire. Le bourdon et le chapeau orné des clés de Saint Pierre symbolisent le pèlerinage à Rome. De son index le saint montre le bubon pesteux sur sa cuisse gauche. Le chien, avec un pain dans la gueule, rappelle les conditions de sa retraite, et l’ange sa guérison. Le rectangle un peu effacé près des clés était une image du Christ.
Cette sculpture est marquée de réalisme. Le sculpteur représente spontanément les données concrètes de la vie sociale. Il décrit les vêtements avec exactitude; les plis révèlent la qualité des étoffes. Les bottes et le chapeau sont bien décrits. Un animal aussi familier que le chien est digne de figurer sur le bloc sculpté.
Objet copiant la nature, la statue est aussi faite d’esthétique. Les éléments de la réalité sont accusés. L’artiste joue largement de la nature des étoffes. Elles sont lourdes. Les plis sont épais, creusés, arrondis, ils constituent un morceau plastique presque envahissant. La beauté des chevelures est aussi prise en compte. Le ciseau creuse et arrondit les boucles, arrange les mèches.
On a daté cette œuvre de la fin du XVIème siècle. C’est une erreur, elle est bien plus ancienne. Elle contient des éléments fondamentaux présents dans les sculptures des prophètes du Jubé de la cathédrale d’Albi. Bien sûr la statue de Saint Roch est plus modeste; elle avait l’humble rôle de servir à la dévotion populaire. Le peuple devait pouvoir entrer en sympathie avec elle; il ne devait pas ê tre impressionné. Les prophètes au contraire sont solennels. Mais tous les principes esthétiques présents à Albi, se retrouvent ici. Je ne dis pas cependant que cette sculpture a été faite par un artiste ayant travaillé à Albi. Notamment les visages du saint et de l’ange de Rouffiac sont différents. Seulement il y a une parenté certaine qui permet de dire que cette sculpture date de la mê me époque, à peu près, c’est-à-dire la fin du XVème siècle. C’est une sculpture de l’école bourguignonne.
Ajoutons enfin que sa présence à Rouffiac dès l’origine n’est pas attestée. Les procès-verbaux de visite pastorale de l’archevêque, Monseigneur le Goux de la Berchère, le 17 juin 1700, dans les églises de Maussans et de Rouffiac ne la mentionnent pas. Ils sont pourtant précis et détaillés dans l’énumération des statues alors en place dans ces deux édifices.
Daniel LAONET